Depuis une dizaine d’années, de nombreuses pathologies regroupées sous la désignation « troubles musculo squelettiques » sont en tête de liste des maladies professionnelles dans la plupart des pays occidentaux. Ces atteintes de l’appareil locomoteur, qui affectent les tissus mous situés autour des articulations, sont à l’origine de douleurs persistantes qui, à terme, peuvent générer une gêne fonctionnelle, voire une inaptitude au travail.
Que sont précisément les troubles musculo squelettiques ?
Les troubles musculo squelettiques ou TMS regroupent une quinzaine de maladies apparemment assez éloignées les unes des autres qui endommagent les structures molles autour des articulations des membres et de la colonne vertébrale. Les tissus concernés sont principalement les muscles, les tendons et les nerfs. Mais d’autres structures voisines peuvent être altérées telles que les ligaments ou les bourses séreuses.
Quelles sont les pathologies associées aux TMS ?
Les affections les plus fréquentes concernent le dos et les membres supérieurs. La colonne vertébrale est touchée par les lombalgies et les cervicalgies. Sur les articulations des membres supérieurs (épaules, coudes et poignets), les atteintes les plus connues sont les douleurs articulaires, les tendinites (l’épicondylite du coude, la tendinopathie de la coiffe des rotateurs de l’épaule…), le syndrome du canal carpien, la maladie de Quervain. Les membres inférieurs sont plus rarement affectés : l’hygroma du genou, une inflammation de la bourse séreuse, en est un exemple.
L’origine des troubles musculo squelettiques
Comme le souligne l’Institut de veille sanitaire, la fréquence des troubles musculo squelettiques a été multipliée par dix sur la dernière décennie. Devenus un véritable enjeu de santé publique, ils concernent aussi la santé du travail puisque la plupart sont répertoriés dans la liste des maladies professionnelles. Les causes sont multifactorielles, et pour bien comprendre leur origine, il est important de repérer les facteurs de risques.
Comment apparaissent les TMS ?
Les diverses pathologies citées ci-dessus ont toutes un caractère commun : elles résultent d’un déséquilibre entre les capacités physiques du corps et les contraintes auxquelles il est exposé. Des mouvements normaux comme la flexion, l’extension, la préhension, la torsion… deviennent dangereux car ils sont répétés de façon continue. S’ils demandent un effort ou une rapidité d’exécution et si les périodes de récupération pour les articulations sollicitées sont insuffisantes, ces mouvements créent des lésions. De même, l’absence de pauses régulières ne permet pas le relâchement des fibres musculaires ou des tensions pour une personne assise en position statique à un bureau.
L’apparition des troubles musculo squelettiques s’installe progressivement dans le temps. Les activités qui génèrent ces troubles sont nombreuses : elles sont majoritairement d’ordre professionnel, mais les loisirs comme le jardinage, le bricolage, la pratique sportive… sont également à prendre en compte dans l’analyse des causes.
Les facteurs aggravant les troubles musculo squelettiques ?
Les facteurs biomécaniques
La répétitivité des gestes, les mouvements extrêmes, les postures prolongées sollicitent les articulations de manière forcée. Les gestes en cause sont très variables. L’élévation des bras au-dessus des épaules, les sollicitations du dos, la rotation des bras, la flexion et l’extension du coude sont des actions à risque. Les personnels de bureau sont aussi touchés par les TMS. Très souvent en position statique prolongée, leur corps est soumis aussi à des contraintes, notamment la flexion du poignet sur la souris d’ordinateur ou les tensions du cou vers un écran.
Les facteurs environnementaux
Les conditions de travail peuvent aggraver les contraintes mécaniques vues précédemment. Un environnement froid engourdit les mains et provoque une mauvaise évaluation de la force. Un éclairage trop faible, du matériel mal conçu et inadapté à la morphologie du travailleur l’astreint à adopter des postures critiques.
Les facteurs psychosociaux
Ils sont surtout liés à l’ambiance au travail et à la perception du salarié. Ils sont propres à chacun et sont donc plus difficilement identifiables. Caractérisés généralement par le niveau de stress, ils traduisent un manque de reconnaissance, de mauvaises relations sociales entre les employés, une insatisfaction dans la réalisation de tâches monotones, des tensions générées par la pression des supérieurs ou des délais trop courts à respecter.
Les facteurs individuels
Spécifiques à chaque individu, ils concernent l’âge, le sexe, l’état de santé (surpoids, fatigue), voire une pathologie chronique préexistante (diabète, maladie endocrinienne, rhumatisme inflammatoire).
La reconnaissance et la prise en charge des TMS
La prise en charge commence par l’identification des symptômes caractéristiques. Un médecin établit un diagnostic et éventuellement si l’origine est professionnelle. Il est impératif de mettre en place un traitement rapidement pour éviter l’aggravation des troubles et l’installation de la chronicité des TMS. Dans certains cas graves, l’absence de prise en charge peut aboutir à la perte de la mobilité articulaire et l’incapacité de faire certains mouvements.
Quels sont les symptômes des TMS ?
La douleur est le principal indicateur d’un dysfonctionnement. Associée à une raideur articulaire, à une fatigue musculaire localisée et persistante, à des picotements ou des engourdissements, elle doit inciter à consulter un médecin afin de réaliser un diagnostic et repérer à quel stade d’évolution se situent les lésions.
- Le stade initial se caractérise par des douleurs au niveau de la zone atteinte pendant la période de travail. Ces dernières disparaissent au repos et n’engendrent pas de réduction du rendement au travail.
- Le stade intermédiaire se traduit par des douleurs et une fatigue plus importantes qui apparaissent rapidement dès le début de l’activité. Elles persistent au repos. Les gestes répétitifs deviennent plus laborieux et le rendement au travail en est affecté.
- Enfin, au stade final, les douleurs et la fatigue sont présentes en permanence. Le salarié est dans l’incapacité de réaliser son travail. Son sommeil peut être perturbé.
Ces stades ne sont donnés qu’à titre indicatif. Le passage de l’un à l’autre varie selon les individus et leur propre perception.
Les traitements qui soulagent les TMS
En premier lieu, il s’agit d’éviter les activités qui sont la cause des troubles musculo squelettiques. Le mieux est de modifier les tâches à accomplir sur un poste de travail ou d’améliorer les postures statiques. Des adaptations de matériel telles qu’une souris ergonomique verticale, un fauteuil ergonomique, un bureau à hauteur variable sont des alternatives efficaces. Les articulations blessée peuvent être immobilisées par une orthèse tout en veillant à ce que le salarié ne force pas sur d’autres zones. Si ces adaptations ne suffisent pas, un arrêt de travail sera nécessaire afin de respecter un laps de temps suffisant pour la réparation de la lésion.
Les traitements médicamenteux prescrits par le médecin vont soulager les douleurs persistantes. Il s’agit d’antalgiques ou d’anti-inflammatoires qu’il est préférable de prendre le plus tôt possible pour limiter l’installation de la douleur. Parfois des infiltrations de corticoïdes dans les articulations sont nécessaires.
Un kinésithérapeute ou un physiothérapeute peut proposer des massages et des exercices d’assouplissement bénéfiques qui stimulent la circulation et réduisent les tensions musculaires. Le traitement par le froid est recommandé dans le cas d’inflammations ; la chaleur sera préférée pour soulager les douleurs musculaires.
Dans les cas extrêmes, un recours à la chirurgie sera envisagé.
Quel médecin s’occupe du diagnostic et du suivi médical ?
La reconnaissance des symptômes et l’identification des facteurs de risque permettent au médecin traitant d’évaluer le degré d’atteinte. Une bonne prise en charge doit être effectuée le plus tôt possible afin d’éviter que les lésions deviennent chroniques voire irréversibles.
Le diagnostic repose sur un examen médical général qui peut être complété par des examens spécialisés. Si une origine professionnelle est suspectée, le médecin va se renseigner sur les conditions de travail, les tâches réalisées et en demander une description détaillée. La reconnaissance des TMS en maladie d’origine professionnelle est possible s’ils figurent dans l’un des tableaux des maladies professionnelles. C’est au salarié d’en faire la demande en présentant un certificat médical rédigé par son médecin traitant ou un médecin du travail.
Quels que soient les traitements proposés, à la suite d’un arrêt de travail prolongé, le salarié doit effectuer une visite de contrôle avant la reprise. Le médecin du travail évalue son aptitude à retourner sur son ancien poste. Si les activités sont incompatibles avec l’état de santé du patient, il peut demander un aménagement ou un changement de poste, une réintégration progressive, ou un reclassement professionnel.
Comment prévenir les TMS ?
La prévention, en agissant sur les facteurs déclenchant les troubles musculo squelettiques, est de loin la solution la plus efficace pour les éviter.
Améliorer l’environnement de travail et les équipements
Il est conseillé d’optimiser la conception du lieu de travail afin que les employés déploient le minimum d’efforts pour maintenir leur posture. Le poste de travail doit être ajustable à la personne qui l’utilise et permettre l’alternance entre la position assise et debout. L’ergonomie est importante pour le choix des équipements et des outils. Dans le domaine de la bureautique, les souris ergonomiques verticales réduisent les douleurs du canal carpien, des fauteuils ergonomiques limitent le mal de dos. Les outils de chantier et de manutention doivent proposer des adaptations qui permettent de ne pas contraindre les poignets ou les coudes. La réduction des vibrations et l’utilisation d’outils électriques vont faciliter les mouvements de force. Il est important enfin de pouvoir travailler dans une ambiance calme.
Changer les méthodes de travail
Le principal danger étant la répétitivité des gestes, il convient d’agir sur les tâches à réaliser en les mécanisant, en les diversifiant pour varier les mouvements, en effectuant des rotations entre les travailleurs et en favorisant le travail en équipe. L’amélioration des méthodes de travail joue sur les facteurs psychosociaux. Cela passe par l’instauration de micro-pauses de récupération, par une meilleure communication au sein de l’entreprise, par des formations sur la réalisation des tâches contraignantes et sur les postures à adopter en position statique.
Pratiquer une activité physique
Une bonne hygiène de vie est primordiale. Pratiquer régulièrement un sport est bénéfique pour l’état psychologique du salarié et lui permet de se protéger en gainant et en renforçant les muscles de son corps.